West Island, Montreal

Ça nous atteint tous…

Le « West Island » est le nom non officiel donné aux villes, cités et banlieues localisées dans l’ouest de l’île de Montréal, Québec, Canada. On considère généralement que le West Island comprend les municipalités de Dorval, Pointe-Claire, Kirkland, Dollard-des-Ormeaux, Beaconsfield, Baie-D’Urfé, Sainte-Anne-de-Bellevue, le village de Senneville, and deux banlieues de la ville de Montreal: Pierrefonds-Roxboro et L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève.

Allô! Je m’appelle Ciara.

J’ai 15 ans. Je vis dans le West Island, à Montréal, dans une grande banlieue au bord du fleuve St-Laurent.

J’ai vécu ici toute ma vie. Je vais au secondaire ici et tous mes amis vivent dans les alentours. C’est le seul chez-moi que j’ai jamais connu.

La première fois quand il y a eu des inondations chez nous au printemps, au moment où la neige a fondu, l’eau est montée tellement vite dans notre sous-sol!

Cette année-là, nous avons perdu des documents, des photos et toutes sortes de choses auxquelles nous tenions. Mais ça ne nous a pas fait très peur.

On ne savait pas encore que les inondations étaient causées par les changements climatiques. Ça, nous allions l’apprendre plus tard.

  • Il est difficile d’établir un lien entre les inondations et les changements climatiques en raison de la grande variabilité météorologique d’une année à l’autre. Lorsque des inondations extrêmes se sont produites au Québec à la fois en 2017 et en 2019, les scientifiques ont établi un lien entre les changements climatiques et les inondations avec une plus grande confiance, car des inondations de cette ampleur ne devraient se produire qu’une fois en 50 à 100 ans.

  • Le réchauffement climatique devrait entraîner davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, des niveaux de précipitations plus élevés et un dégel printanier plus précoce. Néanmoins, la diminution des chutes de neige en hiver et la réduction du niveau d’eau dans le fleuve Saint-Laurent pourraient atténuer certains de ces effets. Il n’en demeure pas moins que les changements climatiques devraient augmenter le risque d’inondations sévères dans le futur.

Pour en savoir plus, veuillez consulter l’onglet Ressources.

Il y a quelques années par contre, ça a été pire.

À un moment donné, l’eau est montée dans la maison comme un raz de marée. C’était comme dans un film.

  • En 2017, plus de 1000 maisons ont été inondées dans le West Island.

     

  • L’ année 2019 a également été accompagnée d’importantes inondations. Même si les résident.e.s étaient mieux préparé.e.s, plus de 10 000 d’entre eux/elles ont dû quitter leur maison dans le Sud du Québec.
Pour en savoir plus, veuillez consulter l’onglet Ressources.

Lorsque nous sommes sortis de la maison, tout était différent.

Quelqu’un est venu nous chercher en bateau… Vous imaginez ça?

 

Notre chat Sniffers était terrifié.

Tous les voisins se sont entraidés. Nous avons passé des journées entières à entasser des sacs de sable. C’était un travail pénible.

Beaucoup de monde est aussi venu des villes voisines. Même l’armée est arrivée !

Nous avons dû rester à l’hôtel pendant quelques mois, en attendant que les réparations de notre maison soient terminées. Nous vivions tous dans une même chambre avec seulement deux lits. C’était le chaos… Mes frères me dérangeaient tout le temps, j’essayais de continuer à étudier. Tout le monde était de mauvaise humeur, et nous n’arrêtions pas de nous disputer. 

Sniffer a dû rester chez des amis, c’était le plus dur pour moi. 

Nous avons finalement pu revenir dans notre maison, enfin réparée, et adaptée à notre nouvelle réalité. Nous avons dû soulever le cabanon et installer des pompes à l’extérieur.

Et voilà, les inondations reviennent maintenant presque chaque année. Plus ou moins graves, ça dépend.

Pour la communauté scientifique, c’est certain que les inondations sont dues à la hausse des températures. Le problème n’est plus de savoir si on va continuer à avoir des inondations, mais quelle sera leur gravité.

Bien sûr, il n’y a pas que les inondations. Chaque été est plus chaud que le précédent. Il y a même eu 66 morts à Montréal pendant une longue vague de chaleur.

  • En 2021, de nombreux records de chaleur ont été battus au Canada. En particulier, 49,6 °C ont été mesurés à Lytton, en Colombie-Britannique, dépassant l’ancien record canadien de 4,6 degrés.

  • Montréal, quant à elle, a connu le mois d’août le plus chaud jamais enregistré en 2021.

  • En 2018, au moins 66 décès ont été liés à une vague de chaleur à Montréal.
Pour en savoir plus, veuillez consulter l’onglet Ressources.

Certains de nos voisins sont déjà partis. Je ne suis pas sûre de vouloir partir – mon école, mes amis… Il faudrait tout quitter. Mais chaque année, l’anxiété de ma famille empire.

Tous les Montréalais célèbrent l’arrivée du printemps, la fonte des neiges, l’apparition des premières tulipes, mais pas nous. Pour nous, ce sont les signes qui annoncent la période la plus difficile. Mes parents deviennent alors très inquiets.

Nous ne pouvons même plus assurer notre maison! Ça nous fait peur. Même si nous voulions ou devions partir un jour, qui achèterait notre maison dans ces conditions?

 

 

  • La plupart des compagnies d’assurance ne couvrent pas les dommages causés par les inondations et si elles le font, elles ne couvrent que les zones à risque d’inondation faible ou modéré. Le gouvernement du Québec offre un programme d’aide aux propriétaires : ce programme prévoit une indemnisation pour la reconstruction (au maximum de 200 000 $) ou la relocalisation pour un montant similaire, en plus d’une indemnité pour le terrain allant jusqu’à 50 000 $ (Montants en vigueur en 2019). Toutefois, les indemnités sont limitées dans le temps et les règlements municipaux peuvent interdire la reconstruction ou même les réparations des maisons situées dans zones à haut risque d’inondations.

Pour en savoir plus, lisez l’article : Inondations au Québec : qui paie pour quoi et comment.

Mes parents ont toujours pensé qu’ils pourraient assurer leur retraite grâce à la vente de leur maison. Maintenant, je les entends souvent parler d’argent, ce qu’ils ne faisaient pas avant.

 

Il existe de nombreuses façons de préparer une maison à une inondation:

  • Surélever tous les biens du sol au sous-sol
  • Dégager les fossés de drainage autour de notre maison
  • Dégager la neige et la glace des bouches d’égout
  • Adapter le sous-sol
  • Les systèmes de drainage
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J’ai demandé à mon père : « Puisqu’on va continuer à avoir des inondations, qui pourrait nous aider ? Peut-être la Ville ? ».

Il a soupiré… et dit que je ne devais pas m’inquiéter, que lui et ma mère allaient trouver une solution. Ce que je sais, c’est que mes parents ont commencé à voir un psychologue pour les aider à gérer le stress causé par la situation.

Montréal a été jugée mal préparée aux risques d’inondation dans un rapport du Centre Intact sur l’adaptation au climat en 2021 (pour plus d’informations, consultez Waterloo University’s Canadian Citie’s Grade on Flood Preparedness PDF [en anglais])

Les mesures à prendre dès maintenant pour améliorer la résilience aux inondations sont les suivantes :

      • Mettre régulièrement à jour la cartographie des inondations
      • S’assurer que tous les habitants sont conscients qu’ils vivent dans une zone à risque (47% ne le savent pas !)
      • Interdire rigoureusement toute construction dans les secteurs à risque
      • Distribuer gratuitement des sacs de sable et créer un système d’alerte précoce
        Laisser des zones humides et des espaces verts qui peuvent absorber l’eau, éviter les surfaces imperméabilisées
      • Laisser aux rivières l’espace nécessaire pour sortir de leur lit
      • Surélever les bâtiments et libérer des fonds pour soutenir et aider les communautés à s’adapter

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Mais ça ne change rien au fait que des décisions difficiles nous attendent.

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